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Jean-Damien RENAUX

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Étude sur les Directions de la Transformation : Résultats et Bonnes Pratiques

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Le marché de l’assurance santé et prévoyance en France : défis et opportunités 2025

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En 2025, le secteur de l’assurance Santé et Prévoyance poursuit sa transformation dans un contexte dynamique, marqué par des évolutions tarifaires et technologiques, qui en accentuent les enjeux. Les assureurs, face à l’essor de la digitalisation, de nouveaux services (télémédecine, second avis médical …) et aux outils d’intelligence artificielle, doivent repenser leurs offres pour répondre aux attentes croissantes des assurés tout en maîtrisant les coûts. Cette mutation favorise l’émergence de partenariats innovants aussi bien en termes d’offre qu’en termes d’optimisation de la chaîne de valeur 

Le marché de la complémentaire santé connaît une croissance soutenue, principalement alimentée par les hausses tarifaires, mais reste sous pression. En 2023, les cotisations ont atteint 43 milliards d’euros1, portées par la dynamique des contrats collectifs (+7,5%1) dont la valeur dépasse depuis 2023 celle des contrats individuels. Les transferts de charges de l’Assurance Maladie vers les OCAM sont réajustés à 900 millions d’euros2, et la hausse des tarifs médicaux aurait entraîné une augmentation moyenne de 6% des mutuelles en 20241. Par ailleurs, la part des indemnités journalières (IJ) dépassant 8 jours représente 94% des prestations, avec une progression de 5% en 20233

Ce marché, bien que mature, reste fragmenté, avec pas moins de 400 acteurs. Néanmoins, une concentration croissante est observée, les 10 plus grands organismes représentant désormais 41 % des cotisations, contre 29 % il y a 10 ans1. Les mutuelles et institutions de prévoyance perdent du terrain face aux sociétés d’assurance, qui renforcent leur position. Par ailleurs, la mutualisation des ressources entre assureurs et acteurs technologiques pour favoriser l’innovation, comme Malakoff Humanis, qui soutient des start-ups via son fonds d’investissement MM Innov’, ayant notamment accompagné +Simple et Lifen, ainsi que l’essor de plateformes de services e-santé telles que Vivoptim (Groupe VYV), Vitality (Klesia-Generali), Angel (Axa) ou Mon Kiosque Santé (Groupama), illustrent une volonté croissante de diversification des activités. 

📌 Voir aussi : L’accélération du développement des partenariats dans l’assurance

Sur le plan réglementaire, le secteur demeure fortement influencé par les réformes. La réforme des retraites augmente les risques d’incapacité et de décès en activité, impactant les contrats de prévoyance collective. La réforme de la PSC quant à elle intensifie la mise en concurrence des mutuelles de la fonction publique, menaçant la survie de certaines et pouvant entraîner une seconde vague de restructurations après l’ANI. 

Enfin, l’intelligence artificielle (IA) joue un rôle essentiel dans la transformation du secteur. Elle est de plus en plus utilisée pour l’automatisation des processus, l’optimisation de l’expérience client et la détection des fraudes. L’IA améliore ainsi l’efficacité opérationnelle, limite les erreurs et accélère le traitement des sinistres, garantissant une meilleure fiabilité. 

📌 À lire également : Interactions clients augmentées : le pouvoir transformateur de l’IA

Dans ce contexte, les assureurs doivent repenser leurs modèles en combinant innovation technologique, optimisation des coûts et renforcement de l’accompagnement des assurés, tant en matière de couverture des soins que de protection face aux aléas de la vie. 

1. Digitalisation et omnicanalité : un équilibre entre technologie et humain 

La digitalisation des parcours clients s’impose comme un levier clé pour améliorer l’expérience utilisateur et réduire les coûts. Si une majorité de clients privilégient le digital pour les interactions quotidiennes, le contact humain reste essentiel pour les étapes complexes comme la souscription. L’intelligence artificielle est un levier intéressant pour personnaliser l’expérience client (chatbots, analyse prédictive), et permettre d’apporter des réponses rapides tout en basculant vers une interaction humaine lorsque l’assuré le demande. 

📌 Sur le même sujet : Digitalisation des parcours de souscription : quelle stratégie pour les assureurs ?

2. Une offre de services élargie pour répondre aux nouveaux besoins 

Les attentes des assurés évoluent : ils attendent des services complémentaires au simple remboursement des prestations, comme la prévention, l’accompagnement dans les parcours de soins et l’accès facilité aux spécialistes de santé. Les entreprises, quant à elles, souhaitent de plus en plus de services pour lutter contre l’absentéisme et favoriser le retour à l’emploi. 

Les assureurs doivent ainsi se différencier par des offres innovantes, telles que le service de télémédecine proposé par Malakoff Humanis, qui permet aux assurés de consulter un médecin à distance 24h/24, les contrats modulables d’APICIL en prévoyance, qui s’adaptent aux besoins spécifiques des travailleurs indépendants et des entreprises, ou encore le remboursement instantané d’Alan, qui simplifie les démarches grâce à une application mobile intuitive. 

📌 Voir aussi : Les opportunités de l’assurance embarquée pour les retailers

3. Un équilibre financier fragile qui nécessite une optimisation continue des coûts et une révision plus stricte du portefeuille technique 

Le niveau de rentabilité des contrats collectifs est resté stable au cours des neuf dernières années, mais il demeure déficitaire, tandis que celui des contrats individuels s’est nettement dégradé sur les 4 dernières années (-3 points). Cette tendance ainsi que les transferts de charges du régime obligatoire (900 millions d’euros en 20252) forcent les assureurs à redresser la rentabilité des contrats notamment pour les contrats collectifs. Face à cette situation, les assureurs doivent impérativement se positionner sur deux fronts stratégiques : l’équilibre technique et la diminution des taux de chargement  

L’équilibre technique requiert une révision continue des portefeuilles clients afin d’assainir les contrats déficitaires et de renforcer la discipline de souscription, limitant ainsi les contrats à faible marge sur le marché des assurances collectives. 

Concernant les taux de chargement, la maîtrise des frais de gestion et d’acquisition est un enjeu prioritaire. La digitalisation des process et le self care sont un premier axe majeur d’optimisation des coûts de gestion. L’automatisation des flux, de la chaîne de traitements ainsi que la simplification des échanges, constituent le second axe majeur. En effet, la mise en place des flux Noémie a permis d’automatiser la quasi-totalité des flux de prestations santé. De même, la DSN a permis de fluidifier et automatiser la gestion des cotisations. Le projet ROC, en plaçant le contrôle des droits en amont de la transmission des factures, a permis de réduire le taux de rejet des dossiers de 10 % à 0,3 %4 chez certains assureurs. Ces initiatives ont donc permis d’automatiser une grande partie des dossiers (plus de 95%), l’intelligence artificielle pourrait améliorer le traitement des dossiers restants, souvent plus complexes. 

4. Rationalisation des systèmes d’information  

Les multiples fusions et acquisitions ont conduit à une superposition de systèmes informatiques, rendant la gestion complexe et coûteuse. La rationalisation des infrastructures IT devient une priorité pour améliorer l’efficacité opérationnelle et réduire les coûts, avec des gains de productivité attendus entre 15 et 20 %.  

De plus en plus d’assureurs font ainsi le choix de déléguer la gestion des prestations santé à des prestataires spécialisés (passage d’un quart des prestations déléguées à un tiers en dix ans, ce qui permet aux assureurs de concentrer la modernisation du SI sur les outils liés à la relation et à l’expérience client (CRM, portails, parcours, etc). 

📌 À lire : Industrialisation du modèle IT mutualisé d’Axa

5. Une recomposition du marché et des rapprochements stratégiques 

Les réformes en cours, notamment la Protection Sociale Complémentaire (PSC), accentuent la concurrence et fragilisent certains acteurs historiques. Face à cette pression, les rapprochements entre assureurs se multiplient, favorisant la consolidation du marché autour de grands groupes diversifiés (santé, prévoyance, épargne). Cette évolution pousse les opérateurs à adopter des stratégies d’offre globale pour répondre aux besoins des clients et sécuriser leur pérennité dans un environnement de plus en plus compétitif. 

Dans ce contexte en forte transformation, l’assurance santé et prévoyance doit non seulement s’adapter en combinant digitalisation, innovation et optimisation des coûts, mais aussi repenser ses stratégies pour intégrer une offre de services élargie, anticiper les évolutions réglementaires et répondre aux attentes croissantes des assurés, afin de garantir une couverture résiliente, personnalisée et performante dans un marché de plus en plus compétitif. 

📌 Également à découvrir : Culture d’entreprise : un enjeu stratégique lors de fusions

Pour en savoir plus, contactez Jean-Damien Renaux à l’adresse suivante : jd.renaux@stanwell.fr

Sources :  

  1. France Assureurs, “Le marché des assurances santé et prévoyance en 2023”, www.franceassureurs.fr. 
  1. Sénat, “Rapport sur la réforme de la protection sociale complémentaire (PSC)”, www.senat.fr
  1. Drees – Ministère des Solidarités et de la Santé, “Les indemnités journalières en 2023”, www.drees.solidarites-sante.gouv.fr
  1. Groupe VYV, « Le dispositif ROC : où en est-on ? », www.groupe-vyv.fr 

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